Tous les garçons ne s'appellent plus Patrick
Pour bon nombre de Français, j'ai l'impression que Jean-Claude Brialy, ce n'était plus qu'un acteur dépassé, qui aimait à parler des morts, beaucoup, et d'Arletty, surtout. Un dandy devenu Chaman, c'est à dire capable d'aller voir les morts, de leur parler, et surtout, de revenir. Même si c'est vrai qu'à la longue on en avait un peu marre de l'entendre répéter à peu près toujours les mêmes histoires, les mêmes citations, on le sentait toujours animé d'une certaine sincérité dans chacune de ses interventions. Et puis surtout, au delà d'être jusqu'à il y a encore quelques jours une sorte de mémoire du cinéma Français, Jean-Claude Brialy a avant tout contribué à l'émergence de celui-ci en incarnant le message des plus grands réalisateurs Français. Quand on pense au cinéma dit d'"auteur", et à "La Nouvelle Vague" en particulier, on pense à Godard, Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette, Renoir, Varda, ou encore Malle. Jean-Claude Brialy a tourné avec tous ceux là. De ce fait, il est difficile pour tout amateur de cinéma, de ne pas associer un acteur de l'ampleur de Brialy à un, ou plusieurs de ses rôles. Pour ma part, il restera à jamais le beau parleur coureur de filles de Tous les garçons s'appellent Patrick. Ce dragueur au verbe facile qui amadoue les filles, s'inventant de brillantes études et expliquant à celle qu'il a en face de lui qu'il savait qu'elle commanderait un diabolo, car toutes les filles commandent toujours un diabolo, avant d'ajouter un peu plus tard que tous les garçons s'appellent Patrick.
Peut être est-ce parce qu'il n'avait plus vraiment joué de rôle à sa hauteur depuis La Reine Margot, que le Chaman Brialy a décidé cette fois-ci de ne pas revenir de cet ailleurs ou il allait si souvent prendre des nouvelles d'Arletty et des autres. Quoiqu'il en soit, en ce jour où Jean-Claude Brialy a été inhumé à Montmartre, je me dis que plus le temps passe, et plus les cimetières se remplissent de gens indispensables.
G.B