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Certains regards
22 septembre 2007

Ne plus faire comme si de rien n'était

Idéologiquement, je suis ce qu'on appelle quelqu'un "de gauche". Cependant, j'ai passé une sorte d'accord implicite avec moi même, ne pas trahir le fond de mes pensées et refuser toute sorte de manichéisme. Etre de gauche aujourd'hui ça ne peut pas être comme être de gauche sous Blum. Les temps ont changé, et, si le passé nourrit le présent, il me semble que c'est commettre une lourde erreur que de ne pas prendre en compte ces évolutions qui ont marqué, et qui continuent de marquer notre société, même si elles peuvent être dures à accepter. Je pense d'ailleurs que c'est en grande partie parce que la gauche n'a pas pris en compte tous ces changements majeurs, qu'elle n'a plus gagné d'élection présidentielle depuis Mitterrand. Nous vivons aujourd'hui dans une société capitaliste et sous l'ère de la mondialisation. A quoi bon fermer les yeux et faire comme si de rien n'était ?

Bien sûr, l'utopisme reste quelque chose de magnifique, mais l'utopisme n'est pas constructif, il doit être laissé aux artistes et à la nuit. Evidemment, ce serait formidable que, au lieu de remettre en cause les régimes spéciaux de retraite, on les applique à l'ensemble de la société Française. Ce serait formidable, mais étant donné la situation dans laquelle la France est aujourd'hui, c'est totalement impensable. Le problème des retraites est un problème majeur qu'il est indispensable de régler. Etre de gauche c'est être solidaire, mais pas uniquement quand ça nous arrange. La solidarité ne doit, à mon sens, pas se faire à sens unique. A la question "les régimes spéciaux de retraite sont-ils justes et adaptés à la France d'aujourd'hui ?", je réponds non. Je ne dis pas qu'ils ne l'ont jamais été, mais simplement qu'ils ne le sont plus. Chaque Français n'étant sociologiquement pas égal face à la mort selon la catégorie socioprofessionnelle dans laquelle il se situe, je trouverai juste que des régimes spéciaux de retraite subsistent, mais pas ceux là.

Plus que de protester pour protester, et s'opposer pour s'opposer, j'appelle de mes vœux une gauche qui accepte de regarder notre société telle qu'elle est, et qui, plutôt que de se battre uniquement pour le passé, se batte aussi au présent et pour le futur, dans le but de combattre au maximum toute forme d'inégalité, y compris celles que des acquis, aujourd'hui obsolètes, continuent de créer.

Mais n'oublions cependant pas une chose, la vraie question qui se pose, au delà même des régimes spéciaux, c'est de savoir comment fera t'on lorsque le financement des retraites sera devenu impossible parce que le nombre d'actifs sera devenu insuffisant comparé à celui des retraités ?

G.B

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Commentaires
L
Avec un peu de retard, je reviens mettre un petit commentaire.<br /> Franchement, je ne vois vraiment pas ce qui a changé depuis 60 ans. Ceux qui étaient riche en 1936 le sont encore plus aujourd'hui. Ceux qui galèraient dans les usines, galèrent aujourd'hui au chomage ou avec des cdd.<br /> Ceux-là même qui pronent une baisse des remboursements de la sécu, ou une refonte totale des régimes de retraite, n'en ont pas besoin, ils ont largement les moyens de faire appel aux organismes privés. Ce sont les mêmes qui avant guerre ne voulaient pas des congés payés, des 40 heures, ou bien de la sécurité sociale.<br /> Ce sont les mêmes (leurs petits enfants évidemment), sauf que maintenant, ils sont revenus au pouvoir. Et ils cassent tout ce que 60 ans plus tot ils ont honni.<br /> Non, rien n'a changé, et je persiste à penser qu'il ne faut jamais revenir sur un acquis.
G
Tout est dit dans le commentaire précédent que j'approuve totalement. <br /> <br /> ps : Merci à pongiste pour ses encouragements.
J
Leunamme.. je vous comprends, toutefois...<br /> la situation, par rapport à il y a 60 ans, est tellement différente ...<br /> <br /> il y a 60 ans, il fallait tout reconstruire..on avait besoin des "travailleurs" dans le sens large du terme.<br /> A présent ... Enormes progrès techniques... concurrence du Tiers-Monde... <br /> <br /> On cherchait des Employés, des Ouvriers? maintenant, ce sont ouvriers et employés qui cherchent du travail.<br /> <br /> et.. on vivait 10 ans de moins que maintenant (ou 15 ans?)<br /> <br /> je n'ai aucune notion d'économie politique, mais ces deux points me font songer, à regret, je le concède- que la donne n'est plus du tout la même<br /> et qu'il faut bien vivre avec son temps.
L
Sans utopie aucune avancée n'aurait été possible. C'est parce que les manifestants de 36, de 68 rêvaient à l'impossible qu'ils ont obtenu un peu. Renoncer à l'utopie, c'est renoncer au changement, et pour moi, c'est déjà ne plus être complètement de gauche. Tout est question de volonté politique. Pourquoi dans des pays comme les notres immensément riches, on n'est pas capables de donner autant d'avancées sociales qu'au sortir de la guerre dans un pays en ruine ? Peut-être parce qu'aujourd'hui la première pression sur nos gouvernants n'est plus celle du peuple, mais celle de l'argent.<br /> Il ne faut jamais revenir en arrière sur un acquis, quel qu'il soit. Cela justifie toujours d'autres reculs.
P
De retour d'un séjour vivifiant en Haute Savoie, je reprends contact avec votre blog.<br /> Pas mal du tout cette analyse...<br /> Vous avez bien fait de vous y remettre.
Certains regards
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