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Certains regards
18 mai 2007

And the winners are...

kouchner_douste

Lors de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait parlé de changement. Depuis quelques jours, il avait indiqué que cette volonté de changement passerait entre autre par une ouverture du gouvernement à des hommes politiques venus d'autres bords. Dans ce gouvernement de 15 ministres, l'ouverture est symbolisée par 2 hommes : Hervé Morin nommé à la Défense (longtemps bras droit de François Bayrou) et Bernard Kouchner, aux affaires étrangères (ex-ministre socialiste). Commençons par ce dernier, qui est celui qui fait le plus parler. Tout d'abord, on notera que la volonté d'ouverture du chef de l'Etat a, et c'est somme toute assez logique, ses limites. C'est justement Kouchner, à l'extrême droite de la gauche qui incarne cette frontière politique. Cette nomination du fondateur de MSF (Médecins sans frontières) me semble assez déconcertante. Alors bien sûr on voit très bien l'intérêt de chacun, Kouchner accède à un poste dont il rêvait, et Sarkozy réalise un "gros coup" comme on dit. Oui mais dans tout cela est-ce que la France y gagne ? Pas sûr, non. Pas sûr non plus que les 2 hommes y gagnent à long terme. Fillon l'a dit, chacun garde ses convictions, mais c'est la politique inscrite dans le programme présidentiel de Sarkozy qui sera menée. A partir de là, comment faire par exemple, sur le cas de l'entrée de la Turquie en Europe ? Kouchner y est favorable, mais pas le président. Quel intérêt pour Kouchner que d'accepter de mener une politique avec laquelle il est en désaccord ? Je crains qu'à long terme Sarkozy soit agacé par l'électron libre que pourrait être Kouchner, et Kouchner par cette politique qui ne lui correspond pas. A ce petit jeu tout le monde serait perdant, la France en premier lieu.
En ce qui concerne la nomination d'Hervé Morin à la Défense, elle semble en revanche bien plus légitime. Tout d'abord parce que, bien que président du groupe UDF à l'assemblée nationale, Hervé Morin n'a jamais caché qu'il était un homme de droite. Ensuite, parce qu'il fallait bien récompenser tous ces députés UDF ralliés durant l'entre-deux tours. Minimum syndical, un poste de ministre seulement, c'est dans l'ordre des choses qu'il soit attribué au plus haut placé des députés UDF, député qui avait d'ailleurs par le passé refusé des fonctions ministérielles par fidélité pour Bayrou. Enfin, rien d'anormal de le voir hériter de la défense, un ministère auquel il a déjà travaillé sous Léotard.

Et c'est tout pour ce qui est de "l'ouverture". C'est un peu court jeune homme. Tellement court que l'on serait tenté de dire qu'on assiste en fait à une ouverture plus dans la forme que dans le fond. En tout cas c'est un très bon coup politique de Nicolas Sarkozy. Et ce n'est pas le seul, puisque pour la première fois la parité hommes/femmes est presque respectée, mais en plus, Nicolas Sarkozy peut désormais se targuer d'avoir été le premier à confier un ministère important à une femme issue de l'immigration, la starlette du gouvernement Rachida Dati, désormais garde des sceaux. Une belle image, et un pied de nez supplémentaire à la gauche. Espérons simplement que cette fois, on ne s'arrêtera pas à l'image.

Pour le changement, là encore c'est à peu près tout. On va donc retrouver dans le gouvernement Fillon de vieilles -voire parfois très vieilles- connaissances telles : Juppé ,Michelle Alliot-Marie, Jean Louis Borloo, Xavier Bertrand, Xavier Darcos ou encore Roselyne Bachelot. De cette liste, je m'attarderai sur 2 points.
Le premier, c'est le retour de Juppé, seul ministre d'Etat, numéro 2 du gouvernement et à la tête d'un grand ministère regroupant l'environnement, le développement durable, l'énergie et les transports. Outre le retour fracassant de ce chiraquiste dans un gouvernement sarkozyste, je note l'importance donné à l'écologie, et je me dis que j'ai peut être été mauvaise langue lorsque j'ai pensé que Nicolas Sarkozy avait signé le pacte écologique d'Hulot pour mieux l'oublier.
Le second, c'est celui de Roselyne Bachelot à la Santé et aux Sports. Nul doute que ses études feront d'elle une ministre plus compétente en matière de santé, qu'elle ne l'était à propos de l'écologie. En revanche pour ce qui est des sports, je me permets de douter... D'ailleurs je me demande bien pourquoi les sports et la santé ont-il été regroupés au sein d'un même ministère ?

Enfin, j'ai gardé le pire pour la fin. Je vais commencer par ce très cher Eric Besson, qui hérite d'un poste de secrétaire d'Etat, chargé de la Prospective et de l'Evaluation des politiques publiques. Que dire ? Bravo, Monsieur Besson, une très belle leçon de réussite qu'on saura ne surtout pas retenir. Quel talent ! Pouvoir changer ses convictions et son discours aussi vite qu'on retourne sa veste, c'est remarquable. Désormais, contrairement à ce qu'avait dit Ségolène Royal, tout le monde (ou presque) sait qui est Eric Besson. Mais ne vaut-il pas mieux rester dans l'anonymat que de connaître une telle ascension à un tel prix ? N'ayant pas accès aux conseils des ministres, Besson n'aura pas le privilège de côtoyer la très moderne Christine Boutin. Fervente Catholique, pas loin d'être homophobe, et opposé à l'IVG, Boutin sera ministre de la ville et du logement... Au secours...

G.B

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Commentaires
G
leumamme> merci pour la précision sur la Turquie. Par contre pourquoi y'aurait-il problème entre Kouchner et Hirsch ? Je n'ai pas entendu parler de tensions entre les 2, au contraire, Hirsch aurait été directeur de cabinet de Kouchner. Et puis même si tension il y a, est-ce que Hirsch en tant que commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté sera amené à travailler à l'international, et donc directement avec Kouchner ?<br /> <br /> Aux "patriotes" et à Juvisienne> Merci pour vos encouragements.<br /> Pour ce qui est de l'impartialité en politique, il me semble que l'on peut l'être, uniquement si on reste au stade pur de l'information. A partir du moment où on entre dans une démarche de jugement, je crois qu'on est forcement guidé par ses convictions. Ceci dit, même si, actualité oblige, je m'"attaque" plus à la droite, je ne suis pas forcement tendre non plus avec la gauche (cf "la mascarade socialiste).
J
Guillaume et Amélie<br /> <br /> je lis régulièrement vos articles, ils m'aident à mettre de l'ordre dans mes réflexions..<br /> Pour répondre à l' un de vos Correspondants ...<br /> en politique... peut-on être impartial ?<br /> A demain.
L
Articles plaisant à lire, on reconnait bien leur auteur. Est-il vraiment impartial ? ...<br /> Néanmoins, ca décape et ca fait du bien.<br /> Bonne continuation.
L
D'accord sur tout, mais j'apporte une petite précision. La question réelle de l'adhésion de la Turquie à l'UE ne se posera vraiment que dans 10 ou 12 ans, et la loi prévoit désormais un réferendum. D'ici là, quid de messieurs Sarkozy à l'Elysée et Kouchner au quai d'Orsay ? Par contre, sur tout le reste, ils sont d'accord, atlantisme, droit d'ingérence humanitaire, guerre d'Irak. Là où moi je vois plutôt des problèmes c'est entre messieurs Kouchner et Hirsch.
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