Derrière une carotte, il se cache souvent un âne
11,6 milliards d'euros, c'est ce que va coûter la réforme fiscale souhaitée par Nicolas Sarkozy. Une réforme que j'ai souhaité commenter en m'attardant sur quelques unes des mesures fiscales contenues dans l'avant-projet de loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat du gouvernement Fillon.
Nombreux sont les électeurs de Sarkozy qui, bien que n'étant pas forcement de droite, ont voté pour lui, attirés par la carotte du crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunts immobiliers. Naïfs qu'ils étaient, ils pensaient que cette déduction s'appliquerait sur la totalité des intérêts, et pendant la totalité de la période de remboursement. Et bien non, cette mesure se limitera en fait à un montant de 20% de celui des intérêts, sur une période de 5 ans, avec en plus, un montant plafond de 750 euros par an pour un célibataire, et de 1500 pour un couple. Peut-on raisonnablement reprocher au président ces modalités ? Bien sûr que non, c'est même assez inévitable quand on voit la dette déjà colossale accumulée par la France. En revanche, je tiens à profiter de ce libre espace d'expression pour adresser une pensée de compassion à tous les naïfs qui n'ont glissé le bulletin de Sarkozy dans l'enveloppe bleue que pour cette raison là... Derrière une carotte, quelle qu'elle soit, il se cache souvent un âne...
Si je pardonne donc Nicolas Sarkozy d'en décevoir certains à ce propos, je lui pardonne beaucoup moins son rebroussage de chemin quant à l'interdiction de ce qu'on appelle désormais les "parachutes dorés" (c'est à dire, licencier un grand chef d'une entreprise aussi grande que lui, tout en lui permettant de se mettre dans les poches de quoi dîner au Fouquet's tous les soirs et louer un yacht à Malte pour les vacances). En effet, alors qu'il s'était publiquement indigné (je précise publiquement, parce que je suis pas certain qu'en privé il était réellement outré) lors de la campagne présidentielle du parachutage doré de Noël Forgeard, il n'est aujourd'hui plus question d'interdire ce genre de pratique, mais simplement de l'encadrer... Seulement là encore, est-ce une vraiment surprise ?
Pour terminer sur une bonne note, je tiens en revanche à saluer la suppression des droits de succession au profit du conjoint ou du partenaire lié au défunt par un PACS (c'est Christine Boutin qui doit apprécier...), mais surtout, je tiens particulièrement à souligner l'humour subtil dont fait preuve Nicolas Sarkozy au travers d'une de ces réformes fiscales. En effet, l'une d'entre elles s'adresse aux étudiants, et leur permet de bénéficier d'une exonération d'impôt sur le revenu des salaires qu'ils perçoivent, une exonération qui se limite cependant à trois fois le SMIC mensuel... Connaissez-vous sincèrement beaucoup de jeunes qui se donneraient la peine de poursuivre leurs études s'ils gagnaient trois fois le SMIC par mois ?
G.B