Elections législatives : la démocratie en péril
Comme on pouvait s'y attendre, l'UMP bénéficiera d'une très large majorité à l'assemblée nationale. Que le président obtienne la majorité dont il a besoin pour gouverner à peine plus d'un mois après son élection, ça me paraît tout à fait logique. On voit mal comment les électeurs qui ont voté pour Sarkozy auraient pu retourner leurs vestes en à peine un mois, d'autant que le président a évidemment pris soin de ne pas parler des sujets qui fâchent pour le moment.
En tête de file de ces sujets qui fâchent, je pense bien sûr à la hausse de la TVA, hausse à propos de laquelle Borloo et Juppé ont dit que rien n'était arrêté. J'ai comme l'impression, je ne sais pas pourquoi, que d'ici tout pile une semaine les deux ministres auront les idées bien plus au clair... C'est là que je suis assez peiné quand je vois l'assemblée qui se dessine. Une assemblée au sein de laquelle la majorité est tellement écrasante que l'opposition risque de ne tenir qu'un rôle symbolique. Celle-ci n'aura absolument aucun recours possible face à la hausse de la TVA, par exemple, si celle-ci venait à être confirmée. En fin de compte, c'est Besancenot qui doit être content, la vraie opposition pour les cinq années à venir, c'est bel et bien dans la rue qu'elle risque de se situer. Avec un peu de chance, Nicolas Sarkozy lui offrira peut être même dans 11 mois le mai 2008 dont, j'en suis sûr, il rêve d'ores et déjà.
Et si Besancenot va devoir user ses baskets et sa voix à manifester pendant encore au moins cinq années, c'est surtout à cause du profil de cette nouvelle assemblée nationale bien partie pour voir le jour. Une assemblée plus bipolarisée que jamais et donc totalement aux antipodes de ce qu'avaient semblé plébisciter les Français en donnant à Bayrou un poids non négligeable à l'issue du premier tour des présidentielle. C'est là qu'il y a quand même un problème dans le mode de scrutin utilisé. Est-il normal qu'un parti qui totalise environ 18% des voies à l'élection présidentielle ne bénéficie pas d'un groupe parlementaire et donc pas du droit d'expression là où beaucoup se joue ? Je dis ça en pensant Modem, mais cela s'applique également au Front National par exemple.
N'y a t'il pas là un grave problème dans le fonctionnement de la démocratie Française ?
Je me prends à rêver d'une assemblée nationale au sein de laquelle chaque parti dépassant un certain seuil de suffrages pourrait bénéficier automatiquement d'un groupe parlementaire. Peut être n'est-ce que de l'idéologie pure, mais je suis convaincu qu'en réformant les institutions (en prenant garde notamment de pas boucher complètement l'assemblée) on pourrait arriver à quelque chose de cet ordre là, ce qui serait tellement mieux pour notre démocratie que ce qui se profile. En attendant de pouvoir peut être un jour en arriver là, j'espère que ceux à qui il reste encore le deuxième tour pour s'exprimer dimanche prochain le feront en faveur de la démocratie.
G.B